Une colère contre un système qui ne sait plus, qui ne sait pas, ou tout simplement qui refuse de voir et savoir... L'homme n'est-il devenu qu'un numéro à traiter sans le moindre égard ? J'ose espérer que non, sinon notre société est bien mal engagée...
LETTRE A HYPPOCRATE
Un texte de Myrine
LEROY
Cher Hippocrate,
Ma colère ne te parviendra pas. Mais je vais malgré tout l’exprimer là, ne serait-ce que par respect pour toi. Tu as engendré des kyrielles de disciples, qui font devant toi, un serment et jurent
de le respecter. Soit.
Le mien, je l’ai fait devant Claude, Emile ou Edgar, des prénoms moins prestigieux sans doute, mais qui ont d’autres qualités. Parmi elles, celle de traiter l’exception avec un intérêt évident et
partagé. Tout ce qui ne confirme pas la règle est patiemment étudié, élégamment pointé. L’insolite trouve son sens, son origine même, et n’est pas adressé à une prétendue sous discipline. La
mollesse de ma science amortirait, quoiqu’il en soit, un tel retour.
La tienne est trop dure et ne fait pas suffisamment cas de l’empirisme. Le cas d’école, après avoir été énoncé, montré, est renvoyé, accusé de l’être, sans autre forme de procès.
Le syndrome de la patate chaude est-il celui d’une incompétence ou d’une indifférence à l’intérêt que l’incurable n’apporte plus ?
Il en est un qui est bel et bien souffrant depuis quelques années, mais dont personne n’a cure: c’est mon porte-monnaie qui, à force de défilés, est devenu anorexique. Car, l’inexactitude de ta
science se fait cher payer !
Les violons de tes descendants devraient, de temps en temps au moins, s’accorder pour ne pas noyer le patient, qui ne l’est plus, dans une cacophonie technique inaudible.
Le copinage entre confrères, l’hypocrisie maladive incitent à chercher le salut vers quelques rebouteux d’un autre âge mais chez qui le mal a une chance d’être entendu.
Ce que le premier dit, entreprend et prescrit, le second s’empresse de faire le contraire, très exactement. Le troisième, plutôt que de pencher pour l’un ou l’autre, comme m’en enseigné un
certain René, s’évertue à trouver une autre voie thérapeutique; sa voie… ou sa voix ??
Le soi-disant bien pire que le mal, encore et toujours.
Alors, mon brave Hippocrate, je t’imagine faire des bonds là où tu te terres. Quand l’étiologie échoue, aucune médecine ne peut réussir !
Le cas rarissime te salue.